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Le petit rationaliste
12 septembre 2021

Afghanistan et Mali, parallèles et différences.

    Les USA ont perdu à leur tour une guerre en Afghanistan après l’URSS. Les raisons sont multiples et il reste difficile d’en faire le tour. Rappelons qu’après l’attentat Al Qaida contre les tours du World Trade Center le 11 septembre 2001 est à l’origine de l’intervention militaire américaine. Présentée comme une intervention pour créer un état et une croisade contre l’axe du mal, les effets s’en sont faits ressentir au niveau international. Le coût tant en argent qu’en conséquences politiques se feront sentir pendant encore des années.
    L’échec est multiple. L’état afghan, financé avec des centaines de milliards de dollars, s’est effondré avant même le départ total des soldats américains. Le président en place à ce moment-là s’est enfui avec des véhicules pleins d’argent. Ce qui montre que cet état construit sans contre-parties était un état fantoche  et corrompu. Le système politique n’était que la courroie de transmission des positions du président US par l’intermédiaire du pentagone. L’absence de dialogue et de  consultation de la société civile constituait un point d’achoppement d’imposer à minima un état de droit moderne.
    De plus, face à une société rétrograde, les USA ont justifié des actes et des personnes plus que contestables. La prison de Guantanamo et les tortures qui y ont eu lieu n’ont jamais prouvé leur efficacité. Le recrutement par les US de personnalités douteuses pour combattre les talibans ont été autant d’aveuglement qui ont contribué à l’échec final. Le manque de vision politique intégrant les habitants du lieu amène une absence d’implication de la population afghane.
    Ainsi, le financement détourné par la corruption a bénéficié aux mafias. La production du pavot est devenu une source de revenus aux combattants. De plus, le retrait précipité et mal pensé du retrait des troupes a permis aux talibans  d’accéder à une partie du matériel militaire américain. Malgré une politique de destruction des infrastructures militaires et politiques des talibans, ainsi que d’une politique d’assassinats ciblés, la majeure partie de l’idéologie de l’idéologie n’a pas changé depuis 2001. Le mouvement taliban se retrouve renforcé militairement voir peut être financièrement. Ainsi, on pourrait considérer que l’intervention des US ont eu un effet contre-productif au regard de leurs objectifs annoncés, construction d’un état moderne, voir démocratique et d’un recul de l’islam wahhabite. L’échec est patent.
    L’intervention française au Mali se situe dans une perspective différente. Si un certain nombre d’attentats ayant été commis au nom de l’islam en France, les liens avec le Mali ne me sont pas connus, voir sont de fait inexistants. La situation du nord Mali, chaos politique et diffusion d’un islam de combat, a beaucoup de causes, dont il serait difficile de décrire ici la totalité. Mais un résumé peut essayer de faire comprendre les causes de cette situation dégradée.
    Les causes internes se comprennent par la géographie du Mali. Le pays pourrait être assez arbitrairement séparé entre le nord et le sud du Niger. De fait,  deux mondes se côtoient. Un sud avec un climat humide, où les structures urbaines et administratives existent. De l’autre les structures sociales sont à peine financée au nord et où le désert règne. Le pouvoir centralisée « à la française » du pouvoir politique empêche toute adaptations au particularités des populations, dont l’histoire ethnique accroît les tensions. Sans revenir sur la colonisation et des frontières, ni sur le système de la françafrique, l’histoire a engendré un système politique corrompu et désintéressés des problèmes politiques et sociaux des lieux d’intervention de l’armée française. Les pays concomitants sont à minima des régimes autoritaires, voir des dictatures. Tel pourrait être un aperçu géographique du nord Mali.
    Là aussi je ne peux faire le tour des raisons qui ont entraîné la prise de Tombouctou par les djihadistes. La plupart des analyses que j’ai lues ou entendue souligne le rôle de la chute de Mouammar Kadhafi et de la diffusion de son arsenal à des groupes mafieux dont certains avaent déjà des motifs religieux. Le financement et la formation des imams par l’Arabie Saoudite et le Qatar, ainsi que les financements de groupes permis une diffusion rapide d’islam conquérant. L’absence de structures de pouvoirs de proximité et les intrigues de palais du sud Mali empêcha toute prise en compte.
    Parmi les erreurs que n’ont pas commis la France, il y a la torture. Contrairement aux US, nous n’avons pas justifié la barbarie au nom de la lutte conte la barbarie.
    L’intervention pour officiellement avait pour mission de chasser les djihadistes des grandes villes du nord Mali. Cet objectif a été atteint. La mission s’est transformée et d’autres objectifs plus ou moins clairement définis, mais jamais clairement médiatiser. Le manque d’engagement des pouvoirs maliens est patent. La tentative de former une force régionale sous la forme du »G5 Sahel » est un échec. Là encore, la corruption explique partiellement cet échec, les militaires étant souvent soit sous payer, soit victimes de détournement de la hiérarchie.
    De plus, les derniers évènements ont encore complexifié la donne politique. Le pour voir issu du nouveau coup d’état au Mali a une vision différente des relations à avoir avec le nord du pays que celle promue par la France. La mort d’Idriss Deby, peut-être tué avec des armes françaises fournies au maréchal Haftar, amène un pouvoir fragilisé au Tchad et rend l’allié le mieux formé militairement instable malgré la succession du fils Deby. De plus, cette alliance pose un problème autre, au vu du comportement de l’ancien président envers les populations. Le chaos politique s’est aggravé et les responsabilités de la France facilitant la diffusion de doctrine extrême est difficilement évaluable au vu du manque d’informations publiques.
    Le refus de notre actuel président de la République avec les divers groupes, aux objectifs parfois contradictoires, empêche d’envisager de construire des alternatives avec les personnes sur place à une reconquête rapide des mêmes groupes reconquièrent rapidement les postions au lendemain de la fin de l’intervention militaires. L’absence de dialogue et de construction d’alternative laisse dubitatif sur l’amélioration de la situation politique et sécuritaire.
    Il reste la question  de la peine de mort administrative. Si la France a théoriquement aboli la peine de mort, l’intervention des opérations spéciales pour homicides, ainsi que les bombardements, posent des questions d’efficacité. Non que les cibles ne soient pas atteintes. Mais le risque existe d’erreurs et d’actions contre-productives. Ce type d’actions détruit les structures préexistantes, quels soit économiques ou sociales. Le danger existe que ce soient contre-productif face à des systèmes sectaires et totalitaires.
    Le problème reste le flou des objectifs et l’inconstance des autorités françaises envers les différents groupes présent sur place. Ce manque de vision politique et l’absence d’implication de la population, la corruption des armées africaines et le manque d’intérêt des autorités politiques du sud laisse entrevoir un vide politique après le départ de la France du pays. Ce retrait a peu de chance de s’effectuer  sans un retour des forces religieuses. Les problématiques sont toujours là, instabilité de la Libye, présences de régimes autoritaires ou peu stables aux frontières, pauvreté, absence de structures administratives et d’éducation. Ce qui laisse peu d’autres possibilités que le retour des groupes mafieux religieux qui avaient La question de la confiance dans les autorités militaires est aussi une question.
    La solution militaire pour résoudre une situation issue de la corruption, de la pauvreté et de l’absence de toutes structures et tout engagement politiques et financiers des administrations du sud semble totalement inadaptée. Les tensions ethniques issue des tracés européens des frontières africaines et particulièrement du Mali ont trouvé avec la religion un moyen facile de conquérir le pouvoir sur les âmes. Les solutions sur le terrain ne peuvent être imaginées qu’avec les populations du terrain. Le développement économique pour proposer un avenir plus sain qu’un discours dictant le retour au VIIe siècle nécessite des professeurs, des médecins, des entrepreneurs, autant de choses qui n’ont pas été même pensées. Ce n’est pas sur décision du président français que tout les problèmes qui ont été engendrés par une situation complexes.
    Le départ de l’armée française risque fort de ressembler à la débandade américaine. Les armées du G5 Sahel risque de se désengager rapidement. La corruption et de manque de formations des armées, ainsi que du faible intérêt tant des pouvoirs politiques des états dont sont issus les armées ainsi que de la faible implication des soldats dont les payes sont faibles et parfois détournées et le lieu de provenance à peu à voir avec le nord Mali sont autant de raison de penser que les groupes para militaires, mafieux et religieux reprendront la place qu’ils ont perdis de puis 2012.
    Il n’existe pas de solution à long terme. Surtout, les progrès, s’ils peuvent être espérés, ne peuvent être envisagé sans un dialogue avec les populations. Le  problème des frontières serait d’une difficulté sans fin. Il faut à minima une décentralisation de l’état malien, avec des pouvoirs et des fiscalités directes pour développer des infrastructures économiques et sociales hors d’un extrémisme religieux.
    En conclusion, comme vous avez pu constater, ce texte ne propose pas de solutions simples et imposées de l’extérieur. Je ne fais que souligner que l’absence d’objectifs clairs et circonscris bloque toue stratégie efficace. Si l’intervention française au Mali peut sembler une réussite tactique, son efficacité politique reste plus que douteuse. Sans évolutions sociales et économiques, aucune garantie sur le recul de la présence de groupes visant à établir leur dictature religieuse ne peut être amener.
    La défaite est presque certaine et je l’ai pensé dès le début. Si les interventions ponctuelles et secrétés, non tant que les actuelles soient publiques et transparentes, rien ne garantit que cela garantisse la sécurité des habitants. Reste un dernier problème qui n’est pas abordé. Contrairement à ce qui est dit par un de nos ministre actuel, Mr Jean-Yves Le Drian, les frontières de l’Europe ne sont pas au Sahel.  Le coût de l’intervention militaire n’est pas connu et il n’est pas démontré que cela contribue à la confiance de nos alliés en la pertinence de la stratégie militaire française ni à la sécurité de l’Europe face à une attaque militaire.
    J’espère avoir tort et que le retrait des armées françaises se fera sans accroc. Je souhaite que la situation économique, sociale et éducationnelle du nord Mali s’améliore. Mais au bout de 9 ans d’interventions, la situation semble plus atomisée et plus incertaine sur le terrain. Ceci ne peut être présenté nicomme une victoire, ni même une réussite.
Le 12 Septembre 2021
Fabien Micolod

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