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Le petit rationaliste
18 septembre 2021

La problématique des religions, esquisse d’une réflexion globale.

Les religions sont un phénomène humain global. Si cet aspect des sociétés recule dans quelques rares lieux, elles restent un élément central chez des milliards d’humains. Si leurs dieux et leurs croyances sont fondamentalement différentes, ce qui m’intéresse ici sont les similitudes dans l’approche religieuses et ses effets néfastes.

Le phénomène religieux date d’au moins 40 000 ans. Des objets totems et des représentations graphiques ont été découverts dans divers chantiers archéologiques dont la fonction semble liée à des cultes religieux. Si l’interprétation de ces objets est juste, les raisons de l’émergence de ces cultes restera objet de spéculations. Mais ces effets se font sentir dans tous les secteurs des sociétés. Il s’agit de penser une chose sans en connaître toutes les causes, mais par ses effets à long terme.

L’hypothèse de l’apparition des religions que je retiens est double. La première provient de l’agriculture et de l’amélioration de l’alimentation. Ces éléments permirent l’augmentation des groupes sociaux et nécessita l’apparition de rites sociaux complexes pour assurer la cohésion des groupes. La seconde est issue directement de la première. Ces groupes relativement nombreux ont créé des structures de pouvoir qui n’était plus sur la seule domination sexuelle animale. Le pouvoir constitué doit gérer les tensions d’un groupe nombreux et doit créer des dérivatifs pour gérer la violence.

C’est probablement avec la seconde hypothèse que les religions cherchent à détourner l’attention du groupe du réel que leur diffusion s’explique. Le but de cette manœuvre était de diminuer l’attention de problématiques irrésolues à cette époque. L’apparition de l’écriture améliora la continuité des légendes portées par les religions. .

Dès les origines des traces écrites, le pouvoir civil et religieux ont des liens. À certains moments, le séculier passe avant la religion, d’autres voient le retour du pouvoir théocratique. L’opposition et la collaboration alternent et même existent parfois concomitamment. L’assise de la théocratie se perfectionne en occident avec l’empereur Constantin. Il invente un système juridique destiné à favoriser une religion au détriment des autres. Il invente une pratique de répression basée sur la croyance.

Cette forme, préexistant dans l’ancien testament, s’institutionnalise sur un système de droit, le droit romain, ou la loi est la normalisation de la société. Le droit religieux existait auparavant, mais ce droit basé sur des autorisations et de censures se complète avec un système de contrainte physique. Cette forme va renforcer le rôle des religions au sein des sociétés occidentales. En plus de l’organisation du calendrier des fêtes religieuses, le rôle du pontife dans le cursus romain des honneurs reçut une partie du rôle de la censure, celle du contrôle des œuvres.

Cette autorisation de persécuter celui présenté hérétique et de détruire sa culture et ses livres contenait des reculs sur le savoir. Le livre issu des délibérations des prêtres se fit sous la tutelle de l’empereur pour le christianisme. Avantages fiscaux, privilèges des religieux, interdictions de militer et de prêcher pour toute religion autre, tout fut pensé pour diffuser le culte. Si encore une fois le pouvoir politique fut dépassé par le pouvoir religieux, le fait religieux fut institué pour soutenir et accroître le pouvoir en place.

La subjugation par la violence lassait un stress traumatique qui permettait de manipuler facilement des personnes, les peuples victimes de ses méthodes devenaient plus facilement manipulables. C’est aussi le monopole sur séduction. La domination de la croyance sur le savoir ralentit le savoir et la recherche scientifique, parce qu’elle est contradictoire avec les mythes propagés pour perpétuer le pouvoir civil et religieux en place.

La violence physique, psychologique et législative met le peuple déjà peu éduqué dans un état de sidération. Ce traumatisme permet une plus grande perméabilité à un discours dont le fondement est le déni du réel. La crédulité s’en trouve renforcée. Le système tourne autour du religieux qui devient central.

Le mouvement sectaire se base souvent sur une proximité réelle ou affichée avec la misère à laquelle il amène une faible consolation. Il se transforme en un outil au service des puissants quand il est reconnu. Les avantages compétitifs et les limites imposées se concrétisent par une religion unique soutenue et soutenant le pouvoir politique. Les opposants sont supprimés. Les pensées alternatives sont interdites de diffusion. Dans ce sens, les religions peuvent être assimilées aux précurseurs des systèmes totalitaires.

Ainsi, la victime d’un système ne peut être uniquement considérée comme étant en possession d’un libre arbitre, en admettant qu’une telle chose existe. Par les interdictions qu’elle subit, son esprit ne peut, à de rares exceptions, évoluer hors des chemins strictement balisés par l’idéologie portée par les discours religieux et politiques.

Les religions cherchent donc à dominer toutes les parts de la société pour le bien-être des puissant et des hauts prêtres. Les textes ont toujours des contradictions qui permettent de justifier les décisions du pouvoir en place.. La paix comme la guerre y sont représentées. La perpétuation du régime comme son renversement y sont décrites. Selon les circonstances, les morceaux de textes sont prélevés pour justifier la continuation du pouvoir des prêtres. Cette stratégie s’adapta à plus d’une époque.

Le recul des religions en Europe s’explique peut-être par un changement majeur dans le systèmes de propagation du savoir, celui de la diffusion de l’imprimerie. La division religieuse, utilisée pour renforcer le pouvoir des souverains en place, avec plus ou moins de pragmatisme, entraîne une discussion sur le phénomène religieux. D’abord, cela prend la forme de dispute théologique. Mais la violence des mouvements religieux, si elle bloque d’abord une évolution de certains pays, transforme la réception du message et le questionne. Si la question de l’utilité des dieux et des religions n’apparaît pas de suite, cette question ne peut qu’émerger.

L’athéisme philosophique apparaît en France. C’est Jean Meslier qui note le premier les contradictions des textes et le service aux puissants des autorités politiques. De plus, la diffusion des écrits a permis la confrontation des observations et la multiplication des savoirs. Les contradictions entre ces nouvelles connaissances et le texte religieux vont engendrer un compagnonnage entre le rationalisme et l’athéisme. Ce combat entre l’esprit scientifique et la doctrine religieuse dure toujours

Si j’ai choisi l’athéisme, c’est par la conscience de l’étrangeté des textes religieux. Mais le vrai moment ou cette philosophie me parut la meilleure, c’est lors des suicides de la secte de l’ordre du temple solaire. L’un de ces suicides a eu lieu à Saint Pierre de Chérennes et mes parents connaissaient au moins une des victimes, même si ce n’était pas un intime. C’est là que j’ai compris tout le danger d’une pensée théocratique. Si on peut mourir ou faire mourir pour une croyance, c’est beaucoup plus difficile de le justifier pour une absence de croyance.

De plus, j’ai toujours eu cette curiosité, présentée comme un défaut par les religions, pour les sciences. J’ai compris que le savoir et la connaissance étaient une remise en question de ses acquis, pas une affirmation définitive à une vérité révélée. Ma découverte du rationalisme anglo-saxon m’a fait reprendre ma réflexion sur l’athéisme et sur la façon de l’affirmer. Et si c’est une voie difficile, elle est pour moi une aventure bien plus plaisante et épanouissante que la soumission à une parole sacrée.

Le 18 Septembre 2021

Fabien Micolod

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Commentaires
P
le pourquoi des religions est à développer en regard du profit. Le profit du religieux sur le croyant qui permet au religieux de vivre sur le dos du croyant. Je m'étonne que l'on passe d'abord (Onfray aussi) sur le phénomène de la croyance sans passer d'abord par la nécessité des religieux de bien vivre tandis que les croyants leur fournissent ces moyens de bien vivre et sans efforts. Je voudrais développer cela beaucoup plus longuement en partant des chamanes et autres sorciers de tribus jusqu'aux hiérarchies religieuses passées et présentes qui ont fait évolué la pratique des religions pour garder leur propre subsistance matérielle. En préambule, on peut se poser une question : existe t'il actuellement une religion qui vit dans l'extrême pauvreté matérielle ?
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