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Le petit rationaliste
28 juillet 2021

Les luttes athées et rationalistes, continuation d’une réflexion.

Les athées, particulièrement en France, ont du mal à s’afficher comme groupe structurés. Les raisons sont multiples. L’athéisme a à son origine une tendance à l’individualisme. Il naît à une époque dans laquelle affirmer ce type de conviction est un risque majeur. Les bûchers religieux ne sont pas éteints à l’époque ou apparaît l’athéisme philosophique. Le secret, la discrétion et la solitude sont à cette époque les alliés objectifs de l’athée. Mais aujourd’hui, la nécessité de faire bloc face à des religions et sectes parfois milliardaires semble indispensable. Cela n’empêche pas le discours athée de se diffuser dès l’époque, mais cela se fait sous le manteau. Galilée et Newton laissent entrevoir un monde explicable sans intervention divine, et le discours scientifique permet de s’éloigner aussi d’une explication mythologique du monde. Le XIXe siècle permet un changement qualitatif. La transformation politique de l’Europe, la diffusion technique des technologies de la vapeur et la théorie de l’évolution permet de penser un monde sans dieux

La progression du discours scientifique s’accélère au XXe et XXIe siècle. De plus, un certain nombres de doctrine politique s’inspirent ou utilisent l’athéisme et le rationalisme comme fondement de leurs pensées. Les penseurs sont de plus en plus nombreux à affirmer leur athéisme, suivis par un certains nombres d’hommes politiques. Malgré tout cela, les religions gardent un grand pouvoir et cela jusqu’aujourd’hui. Les réseaux des prêtres d’un certain nombre de pays continuent à diffuser les idéologies religieuses. La vision passéiste et misogyne des religieux est la plupart du temps rétrograde socialement. La peur des femmes y est profondément intégrée.

Du comportement des religions, il me semble possible de tirer une démarche athée en réfutation des attitudes religieuses. Ce positionnement, s’il est peut-être exagéré, est une piste de réflexion sur une éthique et une pensée purement athée. Ce positionnement de lutte est nécessaire, mais doit être appliqué avec une réflexion préalable. La confrontation directe avec les croyants peut facilement renforcer leur croyance. C’est la méthode de questionnement qui semble la plus efficace. La déconversion doit se faire par palier. La réflexion sur la médiatisation et la massification de la militance semble nécessaire face à la structuration des religions. La diffusion d’un tel message ne peut se faire que par la création d’un langage et de références communes.

Il reste à définir les combats. Le premier est de démonter les mythologies religieuses. Ce travail a été déjà fait, mais ce message reste relativement peu audible dans le secteur francophone. Cela peut aider à montrer les contradictions des textes monothéistes, ainsi que leur immoralité. J’ignore d’ailleurs s’il existe ce type de travail sur l’hindouisme. Une autre problématique reste celle du maintien dans la soumission et de l’ignorance. La soumission au dogme se fait par la violence éducative, tant psychologique que physique. La violence psychologique se fait par les mots et l’exclusion du corps social. La violence physique se base sur le corpus juridique porté par le texte présenté comme sacré.

Cette violence est dirigée contre une partie de la population. Les femmes, les homosexuels, les enfants et les opposants sont les premières victimes de cette oppression organisée. Le combat athée se doit de contrecarrer ce mouvement. Il me semble nécessaire d’adopter des méthodes différentes de celle adopter par les religieux. Si la légitime défense est normal, l’agression a de grande chance d’être contre-productive. De fait, l’expérience montre que la contradiction directe envers un croyant risque de le renforcer dans son groupe socio-religieux et sa croyance. Seul une éducation basée sur une approche réfléchie peut réussir.

Le combat d’une éducation sans dieu ne peut se penser que par une approche du fait sceptique, rational et scientifique. Si le fait scientifique a une spécificité, c’est sa propension à la remise en perspective et au questionnement des savoirs acquis. L’épistémologie a pour but d’amener une auto-réflexion sur la science. La question principale de cette matière est d’amener une réponse scientifique de la méthode scientifique. C’est une tentative toujours renouvelée de cercle vertueux. Cette éducation nécessite une impulsion contradictoire, celles de la spécialisation et du généralissime. La limitation des croyances et l’accroissement du doute raisonnable est un combat athée.

L’un des combats les plus difficiles reste celui contre les dérives sectaires. Les problématiques spécifiques des mouvements sectaires sont nombreuses et j’y reviendrai plus précisément. Malgré tout, quelques éléments peuvent aider à cerner les problématiques spécifiques. Le premier est qu’à son origine, la secte se forme dans un groupe fermé. Bien sûr, il tente de recruter de nouveaux membres. Mais la discrétion et le secret permettent de former une communauté soudée par un certain nombre de « valeurs » et de représentations du monde. Le mécanisme est celui de l’adhésion sélective qui donne un sentiment d’exclusivité, voir de supériorité par rapports aux non initiés. Il existe aussi un mécanisme de domination du gourou. La révélation permet une emprise psychologique

La capacité à questionner, particulièrement les mécanismes et les réalités des croyances, a toujours été un problème pour les pouvoirs en place, surtout s’ils étaient à vocation théocratique. C’est entre autre pour cette raison que les religions craignent le processus scientifique. Cette recherche non pas d’une vérité absolue, mais de la description d’un monde et d’un univers changeant et évoluant contredit la vérité présentée comme absolue et intangible des religions, particulièrement celles écrites.

La curiosité, le questionnement et la remise en cause de la parole d’autorité. Même en science, même les théories les plus certaines peuvent être contredites ou limitée si une nouvelle observation ou une nouvelle théorie est plus conforme aux compréhensions du monde réel. L’esprit scientifique demande le recherche et identification de l’erreur, en tenant compte des savoirs acquis, mais sachant critiquer ces acquis. Les religieux, eux, imposent leur lecture du monde sans contradictions possibles. La lutte contre un totalitarisme cognitif est difficile.

La vulgarisation et l’éducation à une approche saine de la construction du savoir scientifique est probablement la meilleure façon d’approcher l’esprit critique. Cet esprit critique nécessaire face aux mécanismes religieux et de la croyance absolue. C’est aussi nécessaire pour apprendre en autonomie. Il faut apprendre à rechercher et traiter l’information le plus tôt possible. Apprendre à poser des questions est le seul moyen d’apprendre et de faire progresser un doute nécessaire sur les affirmations des paroles d’autorités. La connaissance des mécanismes de biais est aussi indispensable pour développer cet esprit critique.

L’opposition entre la tentative totalitaire du pouvoir religieux et le doute constitutif de la méthode scientifique se retrouvent opposées par leurs buts respectifs. Et si la connaissance fondée sur les mécanismes scientifiques est plus efficiente techniquement, elle est plus difficile à comprendre parce qu’elle évolue en complexité et en masse de connaissance. L’approche générale des sciences est identique, leurs développements particuliers nécessite une spécialisation. Si la méthode épistémologique permet d’entrevoir le fondement d’une science, elle ne donne pas tous les mécanismes de fonctionnement d’un point précis du savoir.

Le problème surgit quand le religieux, au nom de son pouvoir psychologique et politique, nie la réalité du fondement des savoirs scientifiques. Les cas les plus répandus sont ceux des religions de l’écrit, qu’elles soient monothéistes ou polythéistes. Au nom de la croyance, le mensonge et l’ignorance sont portées comme réponse à des questions individuelles et collectives sérieuses et concernant la vie quotidienne. Les religions sont souvent contre les remèdes qui fonctionnent ou améliorent la vie quotidienne qu’ils soient psychiques, physiques ou philosophiques.

Que ce soit le soin de l’esprit, l’amélioration de la vie quotidienne, la prévention, tous ces antidotes aux maux quotidien d’une humanité faillible et plus fragile qu’elle ne l’admet, les mouvements religieux se placent en opposition . La divinité, dans les religions modernes et pas uniquement occidentales, est celle qui destine aux révélations faites dans le clergé. La méthode ne peut se faire sans une collaboration avec la société ou elle évolue, mais le plus souvent, c’est au détriment de ses intérêts.

Les sectes et mouvements religieux naissent dans les failles des sociétés. Que ces failles soient individuelles ou collectives, les faiblesses permettent d’infiltrer l’esprit des personnes et des groupes. Les sectes visent les personnes ou les groupes qui ont des difficultés pour exploiter les peurs et les incertitudes de l’époque. Le doute et la perte de perspectives habituelles d’une société permet l’exploitation de l’esprit avec les pertes de l’univers familier et du patrimoine. une catastrophe réelle, par exemple un épidémie, d’une société ou d’une personne entraîne vers une vulnérabilité dans ses représentations.

C’est ensuite l’endoctrinement qui peut assez facilement à s’assimiler à un lavage de cerveau. L’entourage est mis à l’écart ou convertit à son tour. Un monopole cognitif se met en place. La secte ou la religion interdit plus, ou moins fermement les relations avec les personnes extérieures. De plus, l’exclusivité de l’éducation rend plus difficile l’intégration à la société ordinaire. Les habitudes les plus ordinaires sont différenciées donnant l’impression d’exclusivité de la victime de ce processus, une supériorité au nom du gourou ou du dieu auquel il se révère.

Comme athée et comme rationaliste, le combat contre les sectes est une nécessité. Le risque de la contamination de la croyance et du refus du réel est un enjeu pragmatique. La destruction du lien social classique, son intervention néfaste au sein des sociétés sont autant de frein au développement individuel et collectif, particulièrement dans les domaines des savoirs scientifiques et des progrès sociétaux. Les exemples sont nombreux de sectes qui refusent tout ou partie des progrès médicaux. La condition des femmes est souvent problématique dans ce type de structures.

L’action pour éviter tout embrigadement dans des sectes est plus simple au début. Tant que le gourou n’a pris l’ascendant sur la personne, il reste possible d’éviter la catastrophe. Mais le processus d’embrigadement peut-être rapide. Le problème peut être grave, particulièrement au niveau de la santé tant physique que mentale ainsi qu’au niveau financier. Une fois tombé dans le système sectaire, il est très difficile de sortir de ce mouvement sectaire. Le lien doit être maintenu. Et cela est difficile, car il faut entendre la logorrhée propre au mouvement, mais aussi les injonctions du groupe à vouloir éloigner la personne de son entourage.

L’un des rares moyens, dont l’efficacité est très relative reste d’amener la victime au questionnement. D’abord, s’il lui reste un doute sur le nouvel environnement qui lui sert de référence, le travail en sera facilité. Il faut trouver où est ce doute et élargir la faille dans l’adhésion. Mais si l’affiliation est consommée, il devient très difficile de désagrégée cette soumission. Questionner les contradictions internes à toute doctrine, entre les comportements affichés et ceux effectifs ou encore aux dérives comportementales internes au mouvement sont des moyens de revenir à un doute nécessaire sur toute affirmation. Mais cela reste un travail de longue haleine et difficile pour l’entourage de la victime.

L’un des autres grands combats est celui d’empêcher de se diffuser les discours et comportements dangereux des religions et sectes au sein d’une société. La misogynie, l’homophobie et le regard sur la sexualité sont des classiques dans les religions. La simple observation montre que les femmes sont aussi compétentes que les hommes et que l’homosexualité a toujours existé. Les règles religieuses sur la sexualité montre elles-même que d’autres pratiques sont possibles. De plus, les religions donnent au masculin une plus grande permissivité. La question devient économique et celle de la conservation du patrimoine dans un système patriarcale, généralement.

L’intégration de ses populations dans un système social , leur protection contre les violences psychiques et physiques permet de les protéger contre les dérives sectaires. En effet, les sectes mettent en place un véritable système juridique profondément inégalitaire. Les déviants sont ostracisés ou violentés pour punir leurs dérives supposées. Ceci peut même s’appliquer à l’extérieur de la communauté. Ce danger pour la société mène à des menaces ou violences sur ceux qui sont considérer subjectivement ou objectivement des ennemis ou des concurrents. L’histoire religieuse démontre que même ayant théoriquement le même dieu, les croyants peuvent s’entretuer ou mettre en place des ghettos pour les autres religions.

La conviction est probablement le premier moyen de diffuser le dogme. Mais la violence a souvent été utilisée par les religions pour propager les croyances et les comportements religieux. La violence, annoncée généralement comme néfaste, se justifie dans le credo quand il s’agit de ceux qui croient différemment ou ne croient pas. La lutte contre les discours de haine, de la brutalité justifiée par le discours religieux est un risque pour l’athée, mais aussi pour ceux qui croient autrement. C’est une raison d’agir et d’oser questionner.

L’athée se devrait toujours d’aider les victimes. Il connaît le risque du détachement du réel. Le refus de la médecine, la haine du prochain pour sa sexualité ou son style de vie sont des raisons pragmatique pour lesquelles lutter contre les dérives sectaires et religieuses. De plus, les risques entraînés par ces comportements déviants peuvent avoir des effets directs sur la société par la violence ou des effets indirects par le doute sur les fonctionnalités techniques entre autre de la médecine ou de la validité des connaissances scientifiques.

Les sciences ont toujours été les adversaires des religions. Le dogme a dû s’adapter au changement de paradigme de compréhension du monde ou s’y opposer en déniant la réalité des connaissances. Les religions comprennent bien le risque de constater la différence entre les explications données par l’observation scientifique et le récit mythologique et que cette explication est plus efficace et mieux adapter au monde tel qu’il est. Il est donc efficace pour un athée de s’éduquer et si les capacités existent d’éduquer les autres aux sciences et aux approche du rationalisme et de l’athéisme.

Tous ces éléments rappellent aux athées la nécessité de s’organiser. Face à des organisations fortement structurées et hiérarchisées, l’individualisme peut difficilement lutter. C’est une des raisons pour lesquels je pousse les athées à créer des associations militantes D’abord, il est nécessaire de partager l’information sur les structures, leurs discours, les personnalités liées et les méthodes de recrutement. La participation des personnes physiques dans la proximité, puis la collégialité fonde une prise de conscience puis l’action nécessaire.

Cette action collective permet la diffusion du discours athée. Même s’il existe un discours rationaliste qui reste entendu, sa complexité empêche une diffusion efficace. La création de collectifs permet d’aborder un plus grand nombre de sujets et d’avoir une plus grande visibilité médiatique. Cette coopération permet aussi d’affiner un discours et de faire connaître les textes inspirants, la logique interne de l’incroyance et les liens avec la démarche scientifique.

Il faut apprendre la démarche sceptique dès le plus jeune âge. Il faut souligner les biais liés à la connaissance et à l’apprentissage cognitif. Souligné les limites de la parole d’autorité, particulièrement religieuse, mais aussi du savoir scientifique qui évolue. Les preuves que la terre soit plus ou moins sphérique ne peuvent être remises en cause. Malgré tout, par exemple, il faut faire comprendre comment dès la Grèce antique la rotondité de la Terre a été argumentée et comment la religion chrétienne a effacé ces connaissances.

Le doute raisonnable et raisonné, cette capacité à la curiosité et au questionnement, cette base qui permet l’autonomie intellectuelle et le progrès des savoirs scientifiques sont autant de chance d’éviter tout endoctrinement dangereux. La recherche des faits, la culture personnelle, la connaissance des mécanismes de l’apprentissage sont autant de moyens pour repérer le mensonge et l’erreur. S’il est impossible d’acquérir toutes les connaissances accumulées, il est possible d’apprendre à rechercher l’information valide si cet apprentissage se fait le plus tôt possible.

L’éducation reste la base d’un athéisme et d’un rationalisme bien pensée. L’athéisme limite la soumission à une pensée unique et totalitaire. La pensée athée est matérialiste. Son refus d’une transcendance est un moyen de questionner le réel tel qu’il est avec moins d’à priori que la croyance. Le doute raisonnable permet une pensée critique qui permet une pensée en mouvement qui évolue. Les systèmes sectaires et religieux, s’opposant à cette pensée autonome, sont des éléments dont il faut empêcher le fonctionnement. Si le problème est pris à son origine, la diffusion de se discours dangereux sera limité. Face aux religions instituées avec des réseaux sociaux économiques, la nécessité d’une organisation et d’une médiatisation restent indispensables.

Le combat continue.

Le 28/07/2021

Fabien Micolod

 


 

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