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Le petit rationaliste
27 avril 2021

Les combats nécessaires de l’athéisme.

Si l’athéisme a un sens, c’est dans son désir de s’affirmer comme une force différente des religions. L’athéisme se situe dans la continuité du matérialisme dont on retrouve des traces des l’antiquité grecque avec l’atomisme, le matérialisme, le scepticisme et indienne avec le chârvâka.. Par son premier texte publié, le « testament » appelé aussi « mémoires » de Jean Meslier, prêtre de son état, l’athéisme militant provient à la de la contestation du régime semi-théocratique du XVIIe siècle, ainsi que de ses liens des religieux avec le régime séculier. Et surtout, il dénonce le rôle contradictoire d’une église qui se dit du coté des pauvres et favorise les puissants. Son combat lui vaudra d’être plusieurs fois recadré par la hiérarchie ecclésiastique. Il vécut avec une femme. En fait, son magistère de curé fut plus basé sur la proximité d’un homme avec la misère que celui de la défense du consensus social.

Ce premier athée place l’athéisme sous le signe du combat. Même si son ouvrage n’est publié qu’après sa mort, parce que les risques physiques existaient, tant pour sa liberté que sa vie, ce texte va être découvert par toute l’Europe. Si Voltaire aide à sa diffusion ce n’est pas sans lui avoir enlever une partie de sa charge. Le combat se situe au devant du pouvoir théocratique. S’il est une critique dans cet ouvrage, c’est la contradiction entre une pauvreté annoncée et une richesse de l’église institutionnelle. C’est aussi le constat d’une église proche des puissants par rapport à une humilité de façade.

Il souligne aussi les contradictions dans le texte biblique. Il est le premier à montré le manque de cohérence dans le texte. De son petit coin, loin des intellectuels médiatiques de l’époque, il démonte le mécanisme d’une religion qui mène un double discours. Ces origines vont se propager dans tous les combats athées. On peut les retrouver aujourd’hui. Il s’en rajoutera un. C’est le combat des sciences face aux vérités révélées. Le premier à mener ce combat est probablement le baron et chimiste de son état Paul-Henri Thiry d’Hoblach, auteur d’ouvrages de déconstruction de la religion chrétienne. Cette lutte dure encore aujourd’hui. Je parlerais du cas spécifique de la France, tout en a m’inspirant du monde anglo-saxon.

Le système juridique français se base sur la notion juridique de laïcité qui doit séparer le phénomène religieux de celui politique républicain. Aujourd’hui face à une religion nouvelle pour son territoire, l’islam, elle connaît des difficultés d’adaptations. C’est dû à plusieurs facteurs. Mais pour moi, les liens commerciaux avec des pays exportant des islams intégristes comme le Qatar et l’Arabie Saoudite sont centraux dans cette pénétration en France. Et parmi les religions, l’islam a une forte prétention à la prééminence du droit religieux sur le droit commun.

Mais c’est loin d’être le seul problème. La dernière loi éthique votée en France a commencé par l’accueil d’association catholiques dures, juives et d’associations musulmanes en première intention. La proximité du Président de la République avec des courants catholiques par le biais de sa femme pose le problème de son influence sur ce choix. Le confinement et l’absence des relations sociales habituelles ont favorisée la pénétration de discours sectaires ou para-sectaires. Ces groupes ont toujours leurs agenda, qu’il soit d’influence, politique ou financier.

C’est l’un des principaux combats athées. Refuser et s’opposer au pouvoir théocratique religieux, face à une soumission imposée au nom d’un clergé toujours prêt à se lever, l’athée affirme sa liberté de dire et de penser hors du carcan religieux. C’est une possibilité d’accepter les comportements différents du temps qu’ils ne soient pas déviants. C’en est une autre de laisser au nom d’une croyance avoir des comportements dangereux pur les autres. La soumission intellectuelle aux prêtres du mouvement religieux est centrale.

Les réseaux sociaux sont devenus un vecteur majeur des mouvements religieux et sectaires. Et les différents confinements ont été autant d’occasion pour profiter de l’isolement et de la perte de repères des individus. Le passage du président des USA Donald Trump a aussi donné un écho médiatique majeur aux fausses nouvelles et aux discours mensongers. L’alliance entre cet homme et des courants religieux conservateurs pour ne pas dire ultras peut paraître contradictoire au vu des comportements personnels de Mr Trump. Mais pour des raisons de pouvoirs politiques, d’influences et de proximités idéologiques, le soutien est réel. La nomination de Steve Bannon au poste conseiller stratégique auprès du président annonce la multiplication des mensonges et d’une proximité idéologique avec une des extrêmes droites américaines. Ce vecteur de désinformation international entraîne une dissonance cognitive majeure qui favorise l’adhésion à des théories farfelues dont les sectes peuvent s’emparer.

La lutte contre les mythologies est un aspect essentiel de l’athéisme militant. Cela nécessite une attention particulière . Car l’opposition et l’affirmation reste une méthode peu efficace. La seule méthode qu semble efficace est celle de l’entretien épistémique, ainsi que la coopération entre athées. Attendre la période de doute sur les contradictions interne de la doctrine ou celles externes entre les affirmations péremptoires du mouvement et la réalité. Le lien avec une politique réglementaire est probablement nécessaire pour définir les relations entre politique et religion. En France, la séparation des églises et de l’État est censément la base de relation entre le politique et le religieux.

Que ce soit par les religions historiques et présentent ou par de nouveaux arrivants, les communautés religieuses ont toujours su faire entendre leur poids électoral à tous les partis politiques de quelques bords qu’ils soient. La réaction intellectuelle et l’action politique sont nécessaires pour les athées. Ce combat politique est probablement l’un des plus importants ; garantir la liberté d’expression et de position face aux exigences passéistes et inconditionnelles des régions. Ce qui m’amène au dernier point, les religions face aux évolutions scientifiques et sociétales.

Les religions ont peur des femmes et des scientifiques. Les femmes ont toujours été considéré par les mouvements religieux comme des humains de secondes zones. La sexualité a toujours été un objet de censure et de contrôle religieux. Le rôle reproductif de la femme est centrale, particulièrement dans les religions abrahamiques. C’est dû à la vocation divine des soit-disant révélations des livres auxquels ces religions se rapportent pour justifier leur action. Toute vérité. Et si le sexe peut-être censément interdits aux prêtres dans certaines religions, les sexualités non reproductives n’ont pas droit de cités. Alors qu’elles ont existé de tout temps et dans toutes les sociétés, ce que ne peut que constaté l’incroyant.

Enfin ,cette origine soit-disant divine s’est toujours opposée aux découvertes scientifiques. Les représentations mythologiques des religions étant celle du dieu ou des dieux qu’elles vénèrent, elles ne peuvent pas être fausses de leur point de vue. Mais elles sont souvent basées sur la souffrance, la privation et sont souvent contradictions avec la santé, les connaissances scientifiques et l’observation rationnelle. Cela peut même être nuisible au bien-être et à la santé de l’individu qui les appliquent. Ces prisons mentales peuvent être à l’origine de dégâts graves sur soi et pire sur les autres. Le système scientifique tend à avoir pour but l’éducation et l’apprentissage. S’il refuse le discours religieux, c’est bel et bien parce que celui-ci donne des explications faussées du réel. Et c’est un combat athée parce que le réel du monde s’oppose au relativisme religieux mythologique.

Pour résumer, les combats athées peuvent se résumer ainsi. Face aux religions, leurs débordements et leurs désirs de théocratie, seule l’affirmation d’une liberté détachée d’une vérité révélée pouvait accepter les réalités des faits sociaux et scientifiques. Agir politiquement en s’associant pour faire valoir les droits à ne pas croire nécessite un système politique qui garantisse son droit à s’exprimer sans être insulté ni menacé. En dernier lieu, il se doit, pas tant pour les autres que pour lui-même, de diffuser un message ou son athéisme, même fondé intellectuellement, n’est pas une vérité absolue. Lui-même est issue d’une histoire individuelle et collective. Si la déconversion des religions reste un objectif possible, c’est surtout la lutte contre les comportements nuisibles aux personnes qui sont les plus importants. Je connais des gens pratiquants en France dont le comportement tant personnels que collectifs dans au moins deux grandes religions reste parfaitement compatible avec la religion. Si certains de leurs comportement personnels me choquent, les agresser ne sert à rien. Le respect à ses limites ce qui n’empêche nullement le respect d’une éthique.

En attendant, je m’aperçois que cette lutte au niveau individuel reste peu efficiente. Le lien et l’action collective est plus efficace. Si certains veulent critiquer, ajouter ou amener un éclairage sur ma manière de voir, si cela est présenté de manière argumentée, je reste prêt à m’engager sur des projets concrets pour promouvoir une parole athées militante. 

Le 26 Avril 2021.

Fabien Micolod

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